Réjouissante rentrée parisienne !

Ah comme elle s'annonce riche la saison 2017-2018 de l’opéra à Paris ! Songez donc. On nous annonce Jonas Kaufmann dans Don Carlos à Bastille en octobre (hélas déjà plein sauf comme d’habitude quelques places très chères auprès des amis de l'Opéra), Anna Netrebko toujours à Bastille en février dans la Traviata (attention, ouverture des réservations le 17 octobre, on va se les arracher), Cecilia Bartoli en mars dans Alcina au Théâtre des Champs Elysées et Roberto Alagna dans Le Trouvère en juin encore à Bastille (deux dates seulement, réservation le 5 décembre). Les amateurs de bel canto sont gâtés cette année puisque sont également programmés Un bal masqué, Falstaff, Don pasquale, et le Barbier. Pour ceux qui préfèrent le baroque, signalons Jephta à Garnier en janvier, Alcina bien sûr et aussi Orfeo ed Euridice au TCE. Quant à l’opéra comique, en attendant de nous dévoiler sa saison 2018 le dimanche 17 septembre à l'occasion des journées portes ouvertes, il nous offre d’ici la fin de cette année Miranda, le Comte Ory et la Flute enchantée. Signalons encore pour les amoureux de Wagner Parsifal en avril à Bastille. Cette liste des spectacles de la saison n'est évidemment pas exhaustive tant le programme est riche. 

Slip, marcel et nuisette

Hélas, il y a une inconnue, et de taille : que nous concoctent les metteurs en scène ? Plusieurs mises en scènes en 2016 et 2017 à Paris n’ont pas enthousiasmé l’auteur de ces lignes. A commencer par l’Aida d’Olivier Py, surchargé d’anachronismes indigestes et de messages politiquement corrects (Bastille). Le pari de Braunschweig au TCE de montrer Don Giovanni chantant en slip dans sa salle de bain ne mérite pas davantage de commentaire, alors qu’on avait aimé sa Norma dépouillée. Le timbre d’argent n’a pas été servi a l’Opéra comique par Guillaume Vincent qui l’a transposé dans un cabaret kitsch, moche et vulgaire. Et que dire de l’oeuvre méconnue Sancta Susanna, donnée à la suite de Cavalliera Rusticana, où Mario Martone nous a proposé une femme nue quittant la scne sur une improbable araignée géante (mais on avait aimé sa vision de Cavalliera Rusticana. Le trophée de la laideur revient sans conteste à Damiano MIchieletto (dont la mise en scène du Barbier à Bastille était nettement meilleure) qui a proposé un épouvantable Samson et Dalila.  Dans une sorte d'appartement témoin d'une singulière laideur, Dalila en nuisette disgracieuse y ressemblait à une prostituée recevant son souteneur, Samson, affublé d’un horrible Marcel et dont la chevelure était réduite à une queue de cheval longue et filasse attachée par un élastique. Passons sur les soldats en bas de treillis et armés...dans le contexte actuel ils n'étaient pas seulement ridicules, ils mettaient singulièrement mal à l'aise. On aurait pu décerner la même palme à l’affreuse Carmen de Calixto Bieito mais la mise en scène remonte déjà à 1999 et tout a été été dit. La critique a aimé. Ne la contrarions pas. 

Rouge tragédie

En revanche, c’est bien injustement que Guillaume Galienne a été conspué pour sa mise en scène de la Cenerentola à Garnier. Ne serait-ce pas par le plus grand des hasards en raison du fait qu'il n'appartient pas au sérail ?  En réalité, non seulement sa mise en scène constituait une lecture renouvelée intéressante de l'oeuvre dévoilant  la tragédie rouge sang sous la farce bariolée, mais surtout Galienne a réalisé un travail capital : apprendre aux chanteurs à jouer la comédie.  Le ténor vedette l’exprime fort bien dans cette interview. On peut lire cet article pour voir les photos du spectacle et se faire une idée plus précise du décor. 

Une première polémique commence à poindre à propos de la mise en scène de Don Carlos à Bastille en octobre. C’est le site Forum opéra qui lève le lièvre dans une courte brève à lire ici. L'intéressé entend mettre le drame à nu....Il est à craindre que ce ne soit du premier degré. 

Bonne et heureuse saison 2017-2018  !